Le lait maternel est une source importante de bactéries « probiotiques » bénéfiques, qui aident au développement d’un microbiote intestinal et d’un système immunitaire sains chez les bébés, essentiels durant les 1000 premiers jours.
Parmi les nombreux composants du lait maternel, les oligosaccharides, bactéries et composés bioactifs produits par les bactéries jouent un rôle capital dans le développement d’un microbiote intestinal et d’un système immunitaire sains chez les nouveau-nés.
Les oligosaccharides du lait maternel ont un effet « prébiotique »
Le lait maternel contient un nombre relativement élevé d’oligosaccharides du lait maternel (HMO)1. Ils constituent le troisième composant principal des solides laitiers, après le lactose et les lipides2.
Plus de 200 oligosaccharides différents ont été identifiés dans le lait maternel. Ils présentent un effet « prébiotique », c’est-à-dire qu’ils passent dans la partie inférieure du tractus gastro-intestinal du bébé sans être digérés, où ils favorisent la croissance de micro-organismes bénéfiques, tels que les bifidobactéries et lactobacilles3. L’Association Scientifique Internationale pour les Probiotiques et les Prébiotiques (ISAPP) a publié la définition suivante dans un consensus de juin 2017 : « Un prébiotique est un substrat utilisé de manière sélective par les micro-organismes de l’hôte, lui conférant un bénéfice pour sa santé. »
Les HMO fortifient le système immunitaire du bébé durant les 1000 premiers jours : ils empêchent les agents pathogènes de causer des infections et augmentent le nombre et l’activité des cellules immunitaires pour les combattre4.
Les bactéries du lait maternel
Le lait maternel contient des cellules et fragments bactériens viables et non viables, notamment des streptocoques, staphylocoques, lactobacilles et bifidobactéries5-7.
On constate une grande variabilité dans la composition et le nombre de bactéries par millilitre de lait maternel chez les mères, et parfois même chez une même mère à différentes périodes8. De plus, le nombre total de bactéries dans le lait maternel varie de façon significative selon la méthode de détection employée. On estime que le lait maternel contient entre 103 and 106 bactéries par millilitre8,9. Cet écart peut s’expliquer par le fait qu’avec les méthodes de détection moléculaire, l’ADN forme des bactéries non viables et l’ADN extracellulaire peut être amplifié. Ceci suggère que le lait maternel contient non seulement des bactéries vivantes, mais aussi une quantité significative de bactéries non viables8.
En dépit d’une composition et d’un nombre de bactéries fortement variables d’un individu à l’autre, le lait maternel constitue une source importante de bactéries « probiotiques » bénéfiques durant les premières semaines critiques de la vie d’un nourrisson. Le microbiome du lait maternel sert donc d’inoculum à l’intestin du nourrisson, ce qui est essentiel pour programmer le système immunitaire à réagir de façon appropriée aux antigènes (alimentaires), agents pathogènes et bactéries commensales10.
Et leurs métabolites
Il est intéressant de noter que les activités immunomodulatrices des bactéries sont aussi associées aux composés bioactifs produits par ces dernières. On appelle « postbiotiques » ces composés ou dérivés sécrétés par les bactéries. Durant la fermentation, les bactéries métabolisent les aliments et produisent divers composés bactériens et métabolites11. Chaque souche bactérienne impliquée dans les processus de fermentation spécifiques produit des postbiotiques uniques, empêchant ainsi toute comparaison avec les postbiotiques issus d’autres souches bactériennes ou d’un autre processus de fermentation.
Voici les différents composés produits en tant que postbiotiques :
Si l’importance des postbiotiques demeure relativement sous-estimée, de plus en plus de données scientifiques portent à croire qu’ils sont bénéfiques pour la santé.
Références
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- Jantscher-Krenn, E., Bode, L. Human milk oligosaccharides and their potential benefits for the breast-fed neonate. Minerva Pediatr. 64.1 (2012) : 83-99.
- Boehm, Gunther et Bernd Stahl. « Oligosaccharides from milk. » The Journal of nutrition 137.3 (2007) : 847S-849S.
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BA19-485