Les lipides, 2nd groupe de macronutriments du lait maternel, apportent à eux seuls 50% de l’énergie nécessaire à un nourrisson.1 En effet, rapporté au poids corporel, ses besoins lipidiques sont bien supérieurs à ceux d’un adulte. Les lipides du lait maternel occupent des fonctions nombreuses et importantes pour soutenir le développement dès les 1000 premiers jours. Si leur rôle crucial pour le développement cérébral et visuel est très souvent mentionné, d’autres fonctions sont encore méconnues, notamment dans le développement de l’immunité du nourrisson, en particulier grâce à l’acide arachidonique (ARA*) et l’acide docosahexaénoïque (DHA**).
Des lipides très corrélés au développement des cellules immunitaires
Au cours de la période post-natale, deux faits montrent l’importance des acides gras polyinsaturés à longue chaine (AGPI-LC***) – notamment l’ARA* et le DHA** – dans le développement immunitaire :
- Leur concentration est particulièrement élevée dans le colostrum, ce premier lait aux bénéfices immunitaires reconnus pour la période où le nouveau-né est très sensible aux infections.2
- Cette période est très importante pour le développement des lymphocytes T et de la tolérance immunitaire, et la concentration en ARA* augmente fortement dans le thymus, lieu de développement de ces cellules. 3,4
Venant appuyer ces corrélations, des études ont montré que le profil des cellules immunitaires (type et quantité) des nouveau-nés alimentés avec un lait infantile enrichi en ARA*/DHA** était plus proche de celui des enfants allaités, par rapport à des enfant nourris avec un lait infantile non supplémenté en AGPI-lc.3 La maturation de leurs cellules T était également plus semblable.5
ARA* et DHA**, précurseurs de molécules immunitaires
L’ARA* et le DHA** jouent également un rôle dans la régulation de la fonction immunitaire en tant que précurseurs de nombreuses molécules de l’immunité. Ainsi, le DHA** permet la synthèse de médiateurs anti-inflammatoires, comme les résolvines et les protectines. L’ARA* est quant à lui un précurseur d’eicosanoïdes, des molécules impliquées dans la tolérance immunitaire, la régulation de la réponse inflammatoire ou encore la migration des leucocytes. 3,6
L’importance d’une supplémentation en ARA* / DHA** pour la prévention des infections
Des études ont montré que les enfants non allaités consommant des laits infantiles enrichis en AGPI-LC*** développaient moins de maladies – telles que des bronchites (-41%)7 ou autres infections respiratoires – et de réactions allergiques lors des premiers mois de vie par rapport à des enfants consommant un lait non enrichi en AGPI-lc.3 [Figure 1]
Pour conclure, l’ARA* et le DHA** jouent un rôle crucial dans le développement immunitaire chez le nourrisson. Pour ses bénéfices sur la santé des nouveau-nés, la réglementation européenne a récemment rendu obligatoire l’ajout de DHA**dans les préparations infantiles entre 0 et 12 mois. De plus, sur le modèle du lait maternel, l’ajout d’ARA* en plus du DHA**, en quantités adéquates est fortement recommandé par la communauté scientifique pour optimiser les avantages sur la santé.8,9
💡 Pour en savoir plus sur les autres rôles des lipides dans l’organisme du nourrisson, et connaître les recommandations pour répondre aux besoins lipidiques élevés du nourrisson, nous vous proposons de consulter cette présentation animée par le Dr Julie Lemale : Importance des apports lipidiques chez le nourrisson et jeune enfant.
*ARA : acide arachidonique
**DHA : acide docosahexaénoïque
***AGPI-LC : acides gras polyinsaturés à longue chaine
Références
1Kim S Y et al. Components of human breast milk: from macronutrient to microbiome and microRNA. Clinical and Experimental Pediatric 2020. 63(8):301-309.
2Floris L M et al. Human milk fatty acid profile across lactational stages after term and preterm delivery: A pooled data analysis. Prostaglandin, Leukotrienes and Essential Fatty Acids 2020. 156:102023.
3Lien E L et al. DHA and ARA addition to infant formula: Current status and future research directions. Prostaglandins, Leukotrienes and Essential Fatty Acids 2018. 26-40.
4Tounian P et al. ARA or no ARA in infant formulae, that is the question. Archives de Pédiatrie 2021. 28(1):69-74.
5Richard C et al. Evidence for the essentiality of arachidonic and docosahexaenoic acid in the postnatal maternal and infant diet for the development of the infant’s immune system early in life. Applied physiology, nutrition and metabolism 2016. 41(5):461-75.
6Briend A et al. Lipid intake in children under 3 years of age in France. A position paper by the Committee on Nutrition of the French Society of Paediatrics. Archive de Pédiatrie 2014. 21(4):424-38.
7Lapillonne A et al. Infants fed formula with added long chain polyunsaturated fatty acids have reduced incidence of respiratory illnesses and diarrhea during the first year of live. BMC Pediatrics 2014. 14:168.
8Koletzo B et al. Should formula for infants provide arachidonic acid along with DHA? A position paper of the European Academy of Paediatrics and the Child Health Foundation. The American journal of clinical nutrition 2020. 111(1):10-16.
9Winwood R. (2019) Nutri-facts. Global Experts Share Their Position – ARA Should At Least Meet the Level of DHA in Infant Formulas. https://www.nutri-facts.org/en_US/news/articles/global-experts-share-their-position.html Consulté le 06/03/2023)
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